Thursday, May 5, 2011

Pétra

Petra, mercredi après-midi



A peine s’écarte-t-on des sentiers principaux que déjà Petra prend une autre dimension. Fini les nombreux touristes, les tours à dos d’ânes ou de dromadaires, les souvenirs à quelques dinars. Le long du Wadi Siyagh, entre deux rangées de lauriers en fleurs, je n’entends plus que mes pas. Je peux lever ma tête dans n’importe quelle direction, à chaque fois je serais face à une vue à peine croyable. Non seulement les maisons creusées à l’intérieur des parois sont preuves de l’ingéniosité des habitants de l’époque, mais surtout la roche même offre une variation de tons et de couleurs que l’homme n’aurait pu créer.


Un peu plus loin, sur une terrasse naturelle en contrehaut, des bédouins sont assis entourés par leurs chèvres et leurs poules. Un bref « Salam Aleikoum » et me voilà déjà à leurs côtés en train de boire le thé. Il est très doux car c’est là la seule forme de sucre qu’ils mangent. Je les écoute parler, essaie de comprendre ce qui se passe, mais finalement je me laisse aller à l’ivresse du moment. Les présentations faites, je suis invité à passer la nuit avec eux et même à marier une femme qui cherche un compagnon… grands rires malgré le manque de mot en commun! Mais il y a un programme à suivre, alors la nuit dans les habitations troglodytes de Petra se fera une autre fois… Insha’Allah.


Petra, jeudi matin

Réveil à l’aurore pour profiter du lever du soleil sur le site magistral de Petra. Pour avoir une vue imprenable sur le trésor, nous devons passer par un long chemin parsemé de centaines de marches. Il est encore tôt, mais la chaleur est déjà bien présente. Dans le silence de la montée, une petite musique venant du bas de la montagne se fait entendre. Un homme monte sereinement les marches assis sur son cheval. Il alterne entre sa petite flûte traditionnelle et sa voix qui résonne entre les hautes parois de grès. Habillé en noir, il nous dépasse tranquillement et nous voyons sa silhouette se défaire des roches rougies par le soleil matinal avec un contraste saisissant. Arrivé en haut, il descend de sa monture et marche jusqu’au bord des falaises d’où il observe paisiblement son royaume. Cette rencontre éphémère semble hors du temps. Ses ancêtres ont certainement monté ces marches de la même manière il y a cent ans ou peut-être même mille ans. Avec le même son de flûte, avec les mêmes chants, avec la même élégance. Le rêve se poursuit un peu plus loin lorsque nous atteignons enfin notre but, la falaise qui nous permet de voir en surplomb le Khazneh. Le spectacle est fabuleux, nous restons plusieurs minutes silencieux, comme si nous étions les premiers à le découvrir. S’il n’avait pas fallu repartir, nous y serions toujours !

Camille Orthlieb et Sébastien Kramer

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