Thursday, May 5, 2011

Jordanie, Terre de contrastes

Différentes discussions et observations avec les jeunes Jordaniens nous ont amenées à une réflexion quant au cadre sociétal dans lequel ils évoluent. Autour d'un thé et d'un Narghilé, Zak nous fait part des contraintes dans la vie amoureuse d'un jeune Hachémite. Le poids des traditions est en décalage avec le modèle occidental de liberté auquel certains aspirent. En effet Zak nous explique que si avoir une amie est tolérable, l'union libre est inimaginable. En est témoin un de ces amis que la police à dû protéger de la famille de sa petite amie, enceinte alors qu'ils n'étaient pas mariés. Le mariage est donc un passage obligé pour légitimer toute union et ce n'est pas mince affaire: pour un mariage modeste, compter entre 4000 et 5000 JOD (eq. €) de dot sous forme de bijoux en or. Il faut de surcroit avoir une voiture, une maison et une bonne situation. À cela viennent s'ajouter les voyages successifs lors desquels les familles se rendent visite, les fêtes (hommes et femmes séparés)... Ces dépenses se posent comme un obstacle pour nombre de Jordaniens : pour exemple, Zak gagne 120 JOD par mois en travaillant 15 h par jour avec 4 jours de repos par mois, bien que titulaire d'un Master en littérature anglophone: le mariage et les enfants apparaissent comme un rêve bien lointain dans ces conditions, même si sa relation est acceptée par sa famille comme par celle de son amie.


Cette rencontre et d'autres observations plus générales laissent à penser que le système socio-politique jordanien, relativement rigide et ne laissant que peu de place à la liberté et à l'expression individuelles, est remis en question. En tous cas par une part grandissante de la population, notamment la plus jeune, qui a accès à une part d'information venant d'occident (malgré les sévères restrictions aux libertés de presse et d'expression) et par qui certaines images de ce système se diffusent. Et même si ce dernier est reçu avec un sens critique certain et est également mis en question, nul doute qu'il contribue à faire germer des idées et envies d'une autre organisation de la politique jordanienne, et surtout à l'évolution des mentalités et comportements.


Félix Burnand, Florian Faure

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