Thursday, May 5, 2011

Les oiseaux de Jordanie

À peine arrivés à Amman, la première espèce observée est la Tourterelle maillée. Cette dernière remplace la Tourterelle turque que l’on rencontre chez nous dans tous les habitats, de la ville au canyon le plus profond. Les deux jours passés à Amman ne sont pas destinés à l’ornithologie, mais dès que l’on s’écarte du centre ville, par exemple à la citadelle, on se rend compte du potentiel de la région. En effet, Huppe fasciée, Pie-grièche masquée ainsi que Cochevis huppé se laissent facilement observer.

Le désert au nord-ouest d’Amman, siège des châteaux du désert, abrite probablement des espèces très particulières, comme le Traquet du basalte, sous-espèce du Traquet deuil endémique du désert basaltique jordano-syrien. Toutefois, le trajet en car ne nous permet pas de prospecter les lieux, et c’est autour des constructions qu’il faut chercher les passereaux migrateurs. Il s’avérera néanmoins que les quelques buissons présents autour de Qasr Amro sont très intéressants pour les migrateurs insectivores tels que les fauvettes. C’est également ici qu’on observera le premier Agrobate roux du voyage, avec son comportement typique composé d’une alternance de hochement de queue et d’ouverture des ailes.

La réserve d’Azraq, vestige d’une immense oasis, abrite encore une avifaune variée, bien que sa surface soit réduite. Guêpiers d’Europe et de Perse animent le ciel, tandis que diverses espèces de hérons se trouvent au bord des étangs. Une Marouette poussin se laisse magnifiquement observer pour notre plus grande joie, de même qu’un Martin-pêcheur d’Europe. Une Sterne pierregarin est présente, ce qui est étonnant au vu de la petite taille du marais au milieu de l’étendue désertique.

Dans la vallée du Jourdain, la végétation est plus abondante et l’avifaune change en conséquence. Premièrement, quelques rapaces, malheureusement trop loin pour être identifiés, profitent des ascendances le long des versant pour migrer. Puis dans les cultures, c’est la première observation du magnifique Souimanga de Palestine, dont le mâle présente d’éclatants reflets verts et violet. Ce pseudo-colibri sera observé ensuite dans presque tous les endroits à végétation buissonnante.

La route menant de la Mer Morte à Madaba nous mène pour la première fois dans un univers pierreux, quasiment lunaire. La vitesse réduite du bus due à la forte pente permet une bonne observation de Chevêche d’Athénaz, une petite chouette, ainsi que d’un mâle de Monticole bleu.

A Dana, nous voici en pleine nature. La présence d’eau, particulièrement sur les hauts de la vallée, permet à une végétation importante de se développer. On trouve alors des espèces typiques de chez nous telles que Coucou gris, Merle noir, Fauvette à tête noire, etc… Mais la vallée escarpée présente également des zones plus sèches qui abritent des espèces beaucoup plus particulières : Ammomane isabelline, Alouette bilophe, Traquets de Finsch, deuil et oreillard, Moineau soulcie, Bruant cendrillard,… Les immenses falaises sont appréciées par les rapaces qui y trouvent des ascendances : Buses des steppes en nombre, mais aussi environ huit Vautours fauves et surtout un Aigle de Bonelli qui nous fera un superbe passage en fin de journée. Le guide possède une technique bien particulière pour observer les Perdrix choukar cachées dans la falaise en contrebas : il saisit une pierre d’environ 20 cm de diamètre, et la jette en bas dans un énorme fracas. Toutes les Perdrix s’envolent à grand bruit pour se cacher plus loin. Le matin même, j’avais pu observer ces mêmes perdrix en train de chanter dans un pierrier, avec simplement un peu de patience. A chacun sa méthode…

Le site de Petra est ornithologiquement réputé pour le Roselin du Sinai. On pourra en effet observer à loisir ce joli passereau rose vif dans les magnifiques gorges de l’ancienne cité nabatéenne. C’est également ici que l’on observe le plus important flux de rapaces migrateurs du voyage, probablement des Bondrées apivores en grande partie. La Jordanie et Israël figurent en effet parmi les meilleurs sites d’Europe pour la migration des rapaces en route pour l’Europe et la Russie.

Le désert du Wadi Rum abrite moins d’espèces, mais elles n’en sont pas moins remarquables. Le Traquet à tête blanche est endémique des déserts montagneux, tandis que la minuscule Dromoïque du désert hante par petits groupes les bosquets de tamaris. Quelques Corbeaux bruns surveillent la plaine en planant.

Au final, le voyage s’avère une réussite également au niveau ornithologique. Plus de 80 espèces ont pu être observées, montrant un petit aperçu du potentiel avifaunistique du pays. Une visite sur la côte de la Mer Rouge et des fameux étangs d’épuration (!) d’Aquaba ainsi qu’une meilleure prospection du désert permettraient d’observer encore plus d’espèces, mais là n’était pas le but du voyage…

Cédric Pochelon, jamais sans ses jumelles !

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